La Turquie vient de lever 96 millions de dollars US par le biais de l’émission d’un certificat d’investissement islamique (Sukuk) basé sur l’or.
Sur les huit émissions qui ont été réalisées jusqu’à présent, le produit de cette dernière émission a été le plus élevé à être constaté depuis janvier, et le second depuis que le gouvernement du Président Recep Erdogan a introduit ce nouvel instrument de financement en 2017.
Le gouvernement turc a ainsi collecté grâce à ces certificats 599,7 millions de dollars d’or dont 273,94 millions de dollars cette année. Ces certificats ont été conçus comme des instruments destinés à attirer les investisseurs institutionnels islamiques et à encourager l’épargne des ménages tout en mobilisant la présence du métal précieux dans l’économie turque. Les autorités évaluent la quantité d’or dormant en Turquie à 2 200 tonnes d’or soit une valeur marchande d’environ 300 milliards de livres turques.
Le vice-Premier ministre Mehmet Şimşek a déclaré : « Avec les Sukuk libellés en or émis en échange de l’or à percevoir auprès des investisseurs, un rendement est versé à l’investisseur lequel est indexé sur le prix de l’or« , soulignant que les citoyens bénéficieront de la variation des prix de l’or et recevront le rendement offert par le Trésor. L’or collecté est transformé en lingots d’or, alors que les certificats libellés en or sont transférés sur les comptes bancaires de leurs détenteurs.
Ces instruments permettent aux investisseurs d’obtenir des certificats basés sur le métal précieux et sont les premiers de ce type à avoir été utilisés par un Etat. Jusqu’ici, huit émissions ont été menées, et chaque papier offre un taux de profit semestriel de 1,2% pour une maturité de 728 jours. Une fois les certificats arrivés à échéance, l’or sous-jacent ainsi que les profits sont restitués aux investisseurs sous la forme de lingots d’un kilogramme ou de pièces d’or frappées par la Direction générale de la Monnaie Turque.
Le vice-Premier ministre, Mehmet Simsek, a affirmé que l’introduction de ces nouveaux instruments est sans rapport avec les besoins de financement du gouvernement, mais qu’il s’agit d’une mesure supplémentaire pour cultiver la culture de l’investissement et de l’épargne parmi les citoyens turcs et stimuler ainsi l’économie. Le vice-Premier ministre a également déclaré qu’ »avec la mise en place de ces émissions, notre système financier va continuer à se développer et nos citoyens vont obtenir des revenus supplémentaires à partir de l’or inutilisé qu’ils stockent sous leur matelas, et l’économie prendra de l’ampleur ».
Ces émissions souveraines adossées au métal précieux sont également censées réduire la dépendance du système bancaire turc vis-à-vis de l’étranger dans le but de mobiliser les ressources internes immédiatement disponibles plutôt que d’avoir recours aux marchés internationaux pour se financer.
Ces instruments témoignent de l’audace et de l’engagement de la Turquie à collecter des fonds par le biais de structures conformes à la Charia dans le cadre d’un programme national visant à renforcer la finance islamique en tant que source de financement alternative.
Le gouvernement a tablé d’ici 2023 sur 15% de parts de marché pour les banques islamiques qui n’en détiennent actuellement que 5% environ.