Dans le but de combler son déficit budgétaire causé par la baisse du prix du baril et la faiblesse des exportations, le gouvernement algérien souhaite dans les prochains mois faire évoluer rapidement la finance islamique.
Dans un premier temps et d’ici la fin de l’année une offre conforme à la jurisprudence musulmane sera offerte par deux banques publiques, puis par quatre autres en 2018. Le gouvernement algérien prévoit également d’avoir recours à plusieurs émissions souveraines de Sukuk entre 2018 et 2022 dont la première devrait avoir lieu l’année prochaine.
En parallèle, la Banque d’Algérie souhaite avoir recours aux techniques de financement non conventionnelles telles que celles mises en place après la crise de 2008 par la Banque Centrale Européenne et la Réserve Fédérale Américaine. L’injection massive de liquidités créées ex-nihilo permettra certes de payer les salaires des fonctionnaires algériens mais aura pour conséquence immédiate de renforcer l’inflation. Avec la dépréciation du dinar algérien, ce palliatif aura pour effet secondaire d’alourdir la facture des importations qui contribuera à la détérioration de la balance commerciale et donc in fine à l’aggravation du déficit, engendrant un cercle vicieux ne permettant pas d’en sortir.
A ce jour, l’Algérie dispose encore de réserves de changes pour un montant de 103 milliards de dollars et des réserves en or estimées par le chef du gouvernement à 6 milliards de dollars. Mais avec un déficit budgétaire de 12,9 % du PIB en 2016 selon le Fonds Monétaire International, c’est 18 milliards de dollars qu’il faudrait donc aller chercher sur les marchés financiers, ou sur le marché parallèle qui d’après le gouverneur de la Banque d’Algérie représenterait 20 milliards de dollars en circulation. C’est donc ses deux axes que les solutions apportées par la finance islamique doivent permettre à l’Algérie de financer son déficit via les marchés de capitaux et la mobilisation des circuits informels.
En dépit de l’introduction de la banque Al Baraka d’Algérie au début des années 1990 et en l’absence d’un cadre juridique et règlementaire, la finance islamique est restée relativement peu développée, la guerre civile n’ayant également pas facilité son développement. Seules certaines banques privées disposant de capitaux étrangers, telles que la Banque Al Baraka d’Algérie, Gulf Bank et Salam Bank sont actuellement autorisées à proposer des produits islamiques.