Les sukuk (pluriel de sakk, ancêtre du mot « chèque »), sont une alternative aux obligations (emprunts à intérêts), illicites en islam. Ce produit financier adossé à un actif tangible et à échéance fixe qui confère à son propriétaire une part du profit attaché au rendement de l’actif sous-jacent.
Il n’y a donc pas de taux d’intérêt dans les sukuk et, à ce titre, ils ne sont pas comparables aux obligations conventionnelles : ce sont des certificats d’investissements islamiques, plus proches des actions que des obligations.
Le marché des sukuk en Malaisie a commencé en 1990. Depuis lors, il s’est rapidement développé à travers le monde pour y inclure des pays comme les Émirats arabes unis (EAU), l’Arabie Saoudite, l’Indonésie, le Bahreïn, les États-Unis, le Pakistan puis, récemment, la Turquie.
D’après l’agence Luxembourg for Finance, le Luxembourg est à ce jour le plus important domicile européen de fonds d’investissement islamiques et occupe dans ce secteur le cinquième rang mondial, il a également été le premier pays de l’Union européenne à être admis au Conseil de l’Islamic Financial Services Board (IFSB).
Bien que devancé par le Royaume-Uni, premier pays émetteur fin juin 2014 d’un sakk d’un montant de 200 millions de livres (environ 250 millions d’euros), le Luxembourg a voté le 9 juillet 2014 une loi autorisant l’émission d’un sakk souverain. Le Grand-Duché affiche une réelle volonté pour diversifier ses services financiers grâce aux marchés alternatifs et devenir ainsi dans le monde une place financière incontournable, c’est à ce titre que la Bourse de Luxembourg a été la première Bourse européenne à coter des sukuk.
Grâce à cette opération, le Luxembourg a pu récolter près de 200 millions d’euros qui ont été investis dans des projets d’intérêt public. Les investisseurs seront rémunérés sur la base des loyers générés par la location de ces immeubles qui seront rachetés par l’État au terme de l’opération. Évidemment, cette rémunération ne peut être assimilée à de l’intérêt puisqu’il s’agit d’un revenu généré par un actif tangible.
En 2014, le Sénégal a émis un sakk souverain d’un montant de 100 milliards de CFA, soit environ 152 millions d’euros. Cette opération d’appel public à l’épargne s’est orientée vers l’acquisition de parts d’un fonds commun de titrisation de créances générant un taux de profit annuel de 6,25 % pendant une durée de 4 ans. Du nord au sud et de l’est à l’ouest de l’Afrique, un vent nouveau se lève, ces investissements directs doivent tels du pollen féconder l’économie africaine et lui permettre d’éclore.
Les États asiatiques, comme les États africains, cherchent à attirer les investisseurs musulmans extérieurs. Il existe en effet de nombreux investisseurs du Moyen-Orient à la recherche de diversification et de nouvelles opportunités d’investissement qui avaient plutôt tendance jusqu’à présent à investir en Europe ou aux États-Unis.
Ce mode de financement islamique non usuraire s’impose peu à peu comme un instrument financier alternatif offrant une source de financement respectant la sagesse universelle contenue dans les écrits d’Aristote et des trois livres des religions monothéistes.