D’après Thomson Reuters, le secteur financier islamique est très prometteur avec des actifs qui doivent atteindre 3 900 milliards de dollars à horizon 2023.
La finance islamique s’est démarquée par sa résilience lors de la crise des subprimes de 2008. Cela a conduit de nombreux chercheurs à s’y intéresser, ainsi que des personnalités publiques influentes à prendre parti en sa faveur, à l’instar de Christine Lagarde, lorsqu’elle était ministre de l’Économie et des finances puis Présidente du FMI. La finance islamique repose sur l’interdiction de l’intérêt et de la spéculation ainsi que sur l’obligation de partage des responsabilités, des risques, des pertes et des profits. A cela s’ajoute l’obligation de financement de l’économie réelle et l’exclusion de certains secteurs d’investissement jugés nocifs à la vie humaine ou immoraux tels que le tabac, l’alcool, la pornographie et les jeux d’argent.
La Commission des services financiers islamiques (IFSB) basée à Kuala Lumpur, vient de publier son rapport annuel consacré à la stabilité financière du secteur financier islamique.
Un secteur de 2190 milliards de dollars
Il ressort du rapport que la valeur totale du secteur de l’industrie financière islamique a encore augmenté pour s'établir à 2 190 milliards de dollars en 2018. Le secteur des marchés des capitaux islamiques représente 27% de l'actif mondial des institutions financières islamiques avec une valeur d'environ 591,9 milliards de dollars. Le Marché Financier Islamique International (IIFM) a indiqué récemment dans son rapport annuel 2019 consacré aux sukuk qu’ils représentent l’instrument financier le plus populaire du secteur. Les sukuk (pluriel de sakk, ancêtre du mot « chèque ») sont des certificats d’investissements qui confèrent à leurs détenteurs une part des profits générés par les actifs financés.
Le marché des sukuk
Le marché des sukuk continue de dominer en raison principalement des émissions souveraines et multilatérales qui ont contribué à maintenir une croissance soutenue. Le rapport de l’IIFM indique que les émissions mondiales de sukuk en 2018 se sont chiffrées à 123,2 milliards de dollars en 2018, ce qui représente une augmentation de 5,5% par rapport aux émissions de 2017, qui s'élevaient à 116,7 milliards de dollars.
La Malaisie continue de dominer le marché avec 60,84% des émissions en 2018 bien que la part de pays comme l’Indonésie, les Émirats Arabes-Unis, l’Arabie Saoudite et, dans une certaine mesure, la Turquie augmente significativement.
L’Asie représente 69,98% des émissions mondiales de sukuk depuis la création de ce marché. La zone du Golfe est la deuxième région d'émissions en importance avec une part de marché de 24,19% et continue d’être l’une des régions clés.
L’encours de sukuk en 2018 a atteint 490,78 milliards de dollars, contre 434,80 milliards de dollars en 2017.
Le marché des actions et des fonds islamiques
En 2018, la performance du sous-secteur des fonds islamiques a été contrastée. Bien qu’il ait enregistré une contraction sur certains aspects, une amélioration notable a été observée par ailleurs. Par exemple, la taille moyenne des fonds a enregistré une contraction, passant de 79,8 millions de dollars en 2017 à 75,02 millions de dollars à la fin de 2018. Néanmoins, la valeur de 67,4 milliards de dollars d'actifs sous gestion en 2018 se compare favorablement à celle de 66,7 milliards de dollars enregistrée en 2017. Parmi les 34 juridictions où des fonds islamiques sont domiciliés, la Malaisie et l’Arabie Saoudite restent les plus importantes, représentant ensemble environ 66% du total des actifs sous gestion. En termes d’allocation d’actifs, actions, instruments monétaires et matières premières restent les principales classes d'actifs choisies par les gérants.
L’essor de l’assurance islamique takaful
On estime à 306 le nombre d'institutions takaful, y compris les fenêtres retakaful (réassurance islamique) et takaful d’opérateurs conventionnels offrant leurs produits au moins 45 pays, principalement dans les régions du Golfe, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et de l'Asie du Sud-Est. Dans ces zones, la majorité des gouvernements ont élaboré des réglementations spécifiques au takaful. Les contributions totales ont augmenté en moyenne de 4,3%, estimées par l’IFSB à 26,1 milliards de dollars en 2017. Comme ce fut le cas en 2016, la région du Golfe reste le plus grand marché mondial du takaful en 2017, avec des contributions totales d'environ 11,71 milliards de dollars, représentant 45% du marché mondial.
Le développement des fintechs
Le Centre de Développement de l'Économie Islamique de Dubaï (DIEDC) et Dinar Standard dans un rapport conjoint dédié à la fintech islamique indiquent que les innovations technologiques portées par le fintechs islamiques vont peu à peu disrupter les segments du financement des particuliers et des entreprises. L’Indonésie, qui compte la plus grande population musulmane au monde, accueille 31 des 93 jeunes pousses recensées par le rapport. Il est intéressant de noter que les États-Unis et le Royaume-Uni totalisent 21 jeunes pousses en dépit d'une faible part combinée de la population musulmane mondiale, reflétant ainsi un solide écosystème de financement du capital-risque. La blockchain et en particulier les crypto-monnaies, avec 14 jeunes pousses actives identifiées par les auteurs du rapport, commence à progresser.