1 janvier 2013

Dans la sagesse antique

Dans la Grèce Antique, il existe des traces d’un mépris pour toute forme de rémunération de l’argent prêté. En effet, Aristote l’évoque déjà dans ses Politiques au livre 1, Chapitre 3 :

« Il est tout à fait normal de haïr le métier d’usurier du fait que son patrimoine lui vient de son argent lui-même et que celui-ci n’a pas été inventé pour cela. Il a été fait pour l’échange, alors que l’intérêt ne fait que le multiplier. Et c’est de là qu’il a pris son nom : les petits, en effet, sont semblables à leurs parents, et l’intérêt est de l’argent né d’argent. Si bien que cette façon d’acquérir est la plus contraire à la nature ».

Dans le Judaïsme

L’Ancien Testament, le Lévitique, versets 35 à 37 énonce :

« Et si ton frère est devenu pauvre, et que sa main devienne tremblante à côté de toi, tu le soutiendras, étranger ou hôte, afin qu’il vive à côté de toi. Tu ne prendras de lui ni Intérêt ni usure; et tu craindras ton Dieu, afin que ton frère vive à côté de toi. Tu ne lui donnes pas ton argent à intérêt, et tu ne lui donneras pas tes vivres à usure ».

Le Deutéronome (chapitre 23, versets 19 et 20) énonce :

« Tu n’exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pour rien de ce qui se prête à intérêt. Tu pourras tirer un intérêt de l’étranger, mais tu n’en tireras point de ton frère,…».

Dans le Christianisme

Nous avons ceci dans l’Évangile selon Saint Luc, 6, 34 -35 :

« Si vous ne prêtez qu’à ceux dont vous espérez restitution, quel mérite ? Car les pêcheurs prêtent aux pêcheurs afin de recevoir l’équivalent »

C’est par la reforme de Calvin que cette pratique devint acceptable. C’est le protestantisme qui justifie, sous la plume de Calvin, dans «lettre sur l’usure, en 1545, la légitimité de l’intérêt : le capital a un «caractère de bien immédiatement productif» et l’intérêt acquiert ainsi un caractère licite. Dans le catholicisme, la condamnation de l’intérêt a été abrogée par le Vatican en 1917 en rendant licite le prêt à intérêt, mais tout en restant modeste.

Dans l'Islam

Le riba est l’une des transactions les plus malsaines à avoir été sévèrement prohibée, littéralement le mot riba signifie augmentation, addition, expansion ou croissance. Dans la terminologie du fiqh, le riba est traduit par surplus, usure et intérêt. Il désigne tout profit perçu sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de vue du droit musulman.

Dans le droit musulman, la contrepartie perçue est acceptable si elle permet de compenser quelque chose de légitime, comme par exemple la perte de valeur d’un bien ou l’effort fourni pour la production de biens ayant entraîné une prise de risque.

En effet, l’Islam vise à établir la justice et à éliminer l’exploitation dans les transactions commerciales, il prohibe toutes les sources d’enrichissement injustifié. L’une des sources principales de gain injustifié n’est autre que le fait de recevoir n’importe quel avantage monétaire dans une transaction commerciale sans en donner la contre-valeur équitable. Le riba constitue une source importante d’avantages injustifiés.

Le Coran et la Sunna condamnent de façon explicite la pratique de riba. Il s’agit d’un crime plus grave que l’adultère, le prophète –que la paix et salut de Dieu soient sur lui- a dit:

« Lorsqu’un homme consomme la valeur d’un dirham de riba en toute connaissance de cause, cela est plus grave que s’il avait commis 36 fois l’adultère » [rapporté par Ahmad].

Dans son sermon d’adieu, le Prophète Muhammad –que la paix et salut de Dieu soient sur lui- a définitivement mis un terme à la dette alimentée par l’usure exigeant la seule restitution des capitaux empruntés :

« Ô peuple! Toute part d’intérêt est abolie, mais le capital vous revient sans que vous ne soyez injustes ou que l’on ne soit injuste à votre encontre. Dieu a décrété l’interdiction de l’intérêt. La part d’intérêt qui revient à ‘Abbâs Ibn ‘Abd al-Muttalib est complètement abolie ».

Il est intéressant d’observer que le Prophète a appliqué la loi divine en commençant par les siens. Ici, c’est son oncle paternel ‘Abbâs qui devait renoncer aux intérêts qui lui étaient dus.

Sourate Ar-Rûm, verset 39 :

« Ce que vous prêtez à usure pour accroître vos biens au détriment du prochain ne vous sera de nul profit auprès de Dieu. Ce que vous donnez, par contre, en aumônes, quêtant la face de Dieu, voilà qui vous sera porté à plusieurs fois sa valeur ».